Thursday, February 05, 2015
ILS ÉTAIENT CHARLIE pour Brito
Suite
à la parution du n° 94, daté du 16 novembre 1970, L’hebdo Hara-Kiri, journal « bête et méchant » créé en
1960 par François Cavanna et Georges Bernier, dit le professeur Choron, est interdit
sur ordre du ministre de l’intérieur Raymond Marcellin en raison de sa une
annonçant un Bal tragique à
Colombey : 1 mort suite au décès de Charles De Gaulle. Cette
couverture iconoclaste faisait référence à l’incendie d’une discothèque, le
« Cinq-Sept » situé à Saint-Laurent-du-Pont, en Isère, qui avait fait
146 morts peu de temps auparavant.
Et
ce fut ainsi que, des décombres d’un dancing calciné et du cadavre d’un général
mort dans son lit, Charlie Hebdo est
né en proclamant, reconnaissant : « L’hebdo Hara-Kiri est mort. Lisez Charlie Hebdo, le journal qui profite du malheur des autres ».
En
1982, peut-être parce que la gauche au pouvoir lui porte malheur en émoussant
son sens critique, Charlie Hebdo,
dont les ventes et les abonnements ont plongé, disparaît des kiosques.
Cependant, dix ans plus tard, Charlie
Hebdo ressuscite miraculeusement, édité par la SARL Kalachnikov, et repart
en fanfare sous la direction du dessinateur Gébé qui est remplacé à sa mort, en
2004, par le chansonnier Philippe Val. Les
rescapés de l’ancienne équipe, plus quelques jeunes dessinateurs assurent la
continuité.
L’affaire
des « caricatures de Mahomet » publiées dans le quotidien
danois Jyllands-Posten éclate en
février 2006 et Charlie Hebdo publie
les dessins du « scandale » dans la foulée de France-Soir, dont le
directeur est licencié sur le champ par le propriétaire du journal. Ce qui me
conduit à citer la célèbre phrase du journaliste états-unien Abbott Joseph
Liebling dans les années 1950 : « Freedom of press is guaranteed only
to those who own one », ce que je traduirais par « la liberté de la
presse est le privilège uniquement de ceux qui possèdent un journal ».
Heureusement pour les journalistes de Charlie
Hebdo, il semble qu’ils vivent
dans une sorte de démocratie populaire avec des soviets partout, ce qui leur
permet de faire la pluie et le beau temps chez eux. Cependant, en 2011, ils
payent au prix fort leur liberté de ton lorsqu’un cocktail Molotov met le feu à
leur rédaction.
Entre-temps,
en 2008, Philippe Val avait viré abusivement Siné pour soi-disant
« antisémitisme » et celui-ci lance Siné Hebdo en représailles.
Les ventes de Siné Hebdo explosent et les ventes de Charlie Hebdo plongent. Philippe Val fait la gueule et profite de
son copinage avec Carla Bruni-Sarkozy pour se barrer à la direction de France
Inter, en 2009. L’équipe de Charlie Hebdo
fait la gueule, elle aussi, mais tient bon sous la direction du dessinateur
Charb et les deux hebdomadaires satiriques reprennent la route, frères ennemis
irrémédiablement séparés. Le Canard
enchaîné, l’autre hebdomadaire satirique, bientôt centenaire, poursuit,
lui, son bonhomme de chemin égal à lui-même et donc très différent des deux
autres. En 2010, Siné Hebdo cesse de
paraître et Siné Mensuel le remplace
dans les kiosques en septembre 2011. Fin
2014, sous oxygène comme son fondateur Siné, Siné Mensuel survit péniblement ainsi que Charlie Hebdo, dont les ventes plafonnent à 30 000 exemplaires.
Le jour du grand malheur
Et
puis arriva le jour du grand malheur, ce mercredi 7 janvier 2015 où l’indicible
explosa à la figure d’une France un peu endormie et encore gavée de dinde et de
marrons et de champagne et d’achats compulsifs, Noël oblige : deux
fanatiques islamistes, frères de sang et de bêtise, habillés de noir jusque
dans leur conception plus que fruste d’un prophète de malheur, ont sorti leurs
kalachnikovs et fait irruption dans les locaux de Charlie Hebdo. Et ils ont lâchement assassiné les dessinateurs
Cabu, Charb, Honoré, Tignous et Wolinski, la psychanalyste Elsa Cayat,
l’économiste Bernard Maris, le correcteur Mustapha Ourad, le manutentionnaire
Frédéric Boisseau, l’animateur culturel Michel Renaud et les policiers Franck
Brinsolaro et Ahmed Merabet. Un autre fou d’Allah assassina, le lendemain, la
policière municipale Clarissa Jean-Philippe, à Montrouge, et Yohav Hattab,
Philippe Braham, Yohan Cohen et François-michel Saada dans un supermarché
kasher de Vincennes, ces derniers parce que de confession juive.
17
personnes comme vous et moi ont donc été tuées parce que, comme vous et moi,
elles croyaient vivre dans un pays où la liberté d’être ce qu’on est, de
penser, de dire, d’écrire, de DESSINER ce qu’on veut, veut dire quelque chose.
Sauf que personne ne comptait sur le déferlement de haine qui allait s’abattre
sur elles, une haine bestiale venue du tréfonds du cerveau reptilien de
quelques fous de dieu égarés dans une foi sans foi ni loi, petits délinquants
frustrés à la dérive dans le business de la drogue et autres trafics, chômeurs
de longue durée avant même d’avoir pu travailler, orphelins d’une Marianne
sensée les éduquer, les guider et les protéger mais qui les a oubliés dans des
banlieues-ghettos sans issue. Cela n’excuse rien, mais explique en partie l’inexcusable. Car il ne faut
surtout pas se voiler la face et reconnaître que la République française a
perdu en route une partie de ces
Français pas tout à fait Gaulois, des enfants qu’elle ne reconnaît toujours pas
comme siens, elle qui n’a jamais reconnu les droits les plus élémentaires de
leurs parents déracinés souvent par la force, ouvriers à la chaîne chez Renault
et Citroën ou chair à canon sur les chantiers des 30 glorieuses. Et puis, cette
République, pas très attentive à ce qu’elle fait et défait, finit par retrouver
avec effarement ses enfants perdus ici et là, soit en Irak, qu’elle a laissé
bombarder, soit en Syrie, qu’elle
voulait bombarder, et armés jusqu’aux dents avec des armes éventuellement
récupérées en Libye, qu’elle a bombardée.
Un
Occident qui n’a toujours rien compris à l’Orient « compliqué »,
récolte ce qu’il a semé : les États-Unis ont inventé les talibans contre
la présence Soviétique en Afghanistan ; le Mossad israélien a parrainé le
Hamas islamiste pour contrer l’OLP laïque ; MM. Sarkozy et Cameron ont
« libéré » la Libye de Kadhafi et enfanté d’un chaos dont on ne
mesure toujours pas les terribles conséquences ; George W. Bush fait
tranquillement de la peinture à l’huile dans son ranch au Texas pendant qu’en
Irak sont déjà morts plus d’Irakiens que Saddam Hussein n’a jamais songé
réussir à tuer dans ses rêves les plus fous ; et notre Hollande national
intervient dans le sud du Mali pendant que du nord s’envolent des avions
qataris, fournisseurs en armes et en argent des rebelles islamistes. Ah, ce
Qatar qu’il aime tant visiter et qui nous le rend si bien en venant acheter le
mieux de ce qui est à vendre chez nous ; sans oublier les courbettes
faites à la moyenâgeuse Arabie Saoudite qui décapite et fouette à tour de bras.
Bref, le meilleur des mondes pour les affaires dans le pire des cauchemars pour
le commun des mortels, qu’il vive ici ou survive là-bas.
Et
pendant ce temps, la belle équipe de Charlie
Hebdo composée d’anarchistes, écologistes, communistes et socialistes (je
suppose que pas très hollandistes), dénonçait
tout ça et plus encore en faisant des petits mickeys qui n’ont pas peur des
gros (cons) : des dessins contre l’extrême droite nationale et
internationale, les divers monothéismes religieux, les politiques d’exclusion,
le social évacué, le culturel oublié, l’économie dévoyée, la famine, les
guerres, les marchands de canons, le capitalisme pépère mais surtout le
capitalisme financier mondialisé et dévastateur, la planète mise à sac, la soif
du profit à n’importe quel prix, les espèces animales décimées, les Océans
dépeuplés, et j’en oublie. Bref, contre tout ce qui nuit gravement à la santé
mentale et physique de l’être humain au point de mettre notre propre espèce en
danger de mort. L’anti-catholicisme-islamisme-judaïsme-et-autres-ismes
s’affichait souvent sur la vitrine de Charlie
Hebdo, mais il me semble qu’en fait leur principal ennemi était et est
toujours ce qu’il y a de pire chez l’être humain : la bêtise et la haine
de l’autre.
Une
bêtise qu’on trouve jusque dans le traitement médiatique des tragiques
événements récents comme lorsqu’un quotidien états-unien, The New York Times, refuse de publier la couverture de Charlie Hebdo « afin de ne pas insulter ses
lecteurs », mais décrit le dessin « insultant ». Donc, si je
comprends bien, il sera possible, dorénavant, d’écrire un dessin qui sera décrit
par un journal et de ce fait
jamais dessiné ni vu. Jusqu’où le puritanisme le plus
abscons ne va-t-il pas se nicher. N’est-ce pas là aussi une tentative
d’assassiner le dessin et la liberté d’expression ?
N’est pas Charlie qui veut
L’actualité
nous dit froidement que deux terroristes ont massacré cinq dessinateurs, c’est
vrai, mais d’autres « terroristes » en costard et cravate avaient
commencé à tuer le dessin de presse bien avant. Dans les rédactions des
journaux bien-pensants, on oublie tout d’un coup que le dessinateur de presse
est une espèce menacée d’extinction, un peu comme les ours polaires, en raison
de la disparition progressive de l’espace qui la faisait vivre dans les pages
des journaux et magazines de France ou d’ailleurs. La crise qui sévit dans la
presse écrite occidentale élimine en premier le maillon faible que sont les
dessinateurs. Il y a quelques années à peine, Le Monde publiait jusqu’à 7 ou 8 dessins par jour et aujourd’hui, à
part le Plantu en une du journal, on n’a droit, éventuellement, qu’à un Aurel
quelque part à l’intérieur ainsi qu’aux Indégivrables
de Gorce qui ont fort heureusement immigré des pages virtuelles du Net. Bref,
de nos jours, on ne peut plus vivre du dessin et de ce fait la profession de
dessinateur de presse est condamnée à disparaître sous peu. Les seuls journaux
en France qui font encore vivre (ou mourir) leurs dessinateurs sont Le Canard enchaîné et Charlie Hebdo, je n’en vois pas d’autres. Siné Mensuel est toujours à l’agonie
alors que, suite à un massacre ignoble, Charlie
Hebdo tire à trois, puis à cinq et finalement à sept millions d’exemplaires
en entraînant, exceptionnellement, la vente
des autres journaux vers le haut. Évidemment, ce mouvement de masse
alimenté par une curiosité parfois malsaine ne va pas durer, mais cela donne
une idée de la dérive de cette société voyeuriste lâchée dans une course
folle à la consommation effrénée et qui
carbure de plus en plus au buzz. Quel spectacle que celui de ces files
d’attente devant les kiosques à journaux alors que la presse écrite se meurt.
Sans parler du marché noir qui s’est aussitôt installé sur Internet.
Définitivement, n’est pas Charlie qui veut.
Tout
cela me ramène aux confrères de Charlie
hebdo massacrés par les assassins Kouachi, un souvenir d’une violence telle
que je n’arrive toujours pas à l’intégrer. Des confrères, des amis, certains
très proches et dont le seul fait de penser à leur nom me serre toujours la
gorge :
Cabu,
ce cher Cabu que j’ai côtoyé pendant 25 ans au Canard enchaîné, le « gentil » et néanmoins féroce Cabu,
toujours disponible pour discuter d’une idée de dessin et rigoler pour un
rien ; Cabu, l’écolo enragé et le pacifiste définitif après une guerre
d’Algérie dont il ne parlait jamais ; Cabu qui tenait plus que tout à ses
principes, mais ne les imposait à personne ; Cabu qui dessinait comme il
respirait, les yeux fermés et les mains dans les poches ; Cabu qui
ajoutait un palmier suggéré par un rédacteur en passant alors qu’il ne lui
serait jamais venu à l’idée de proposer un changement de virgule au texte de
ce même rédacteur ; Cabu, dont on attendait la première
caricature de celui ou celle qui venait
d’arriver sur la scène politique et dont on s’inspirerait inévitablement
tellement il avait immédiatement accroché l’essentiel ; Cabu, dont on
n’entendra plus le rire de grand Duduche à lunettes rondes et éternellement
ado ; Cabu, qu’on ne verra plus dandiner sa vieille carcasse un peu cassée
par toute une vie vécue penché sur sa table à dessin.
Tignous,
le vieux pote Tignous à l’allure toujours aussi jeune et désinvolte, son
sourire narquois et son air de se foutre de la gueule du monde alors qu’il y
tenait tant, à son petit monde de copains dessineux ; Tignous avec ses
grolles impossibles, ses chemises
bariolées et ses pantalons inévitablement noirs ; Tignous qui improvisait
ses dessins sur n’importe quoi n’importe où, mais pas n’importe comment, rien
que pour qu’on rigole ensemble ; mon Tignous préféré, teigneux comme son
pseudonyme venu de l’enfance l’indique et ça, c’est sa maman qui me l’a
dit, il y a longtemps, du temps où l’on était tous heureux et insouciants comme
des enfants; Tignous, dont j’ai raté le
grand départ et cela fut pour moi une immense peine ; mon cher Tignous, je
ne sais pas trop si je dois te dire adieu ou au revoir.
Honoré,
l’ami Honoré, le très grand Honoré, au propre comme au figuré, le très grand
dessinateur qui dessinait comme un artisan fier de son art et du produit de son
labeur ; Honoré, d’une modestie telle qu’on ne l’a presque pas vu partir,
caché derrière les autres ; Honoré, qu’on a un peu trop oublié de citer
ici et là mais cela ne lui aurait pas forcément déplu, lui qui ne s’imposait à
personne et qui détestait les mondanités ; mon ami Honoré, je suis très
triste de ne plus jamais pouvoir te regarder de tout en bas, là où je suis du
haut de mon mètre soixante-treize.
Wolinski,
je ne l’ai croisé que quelques fois et je crois même qu’on n’a jamais échangé
plus que deux ou trois mots. Ce n’était donc pas une de mes connaissances et
encore moins un ami, c’était un lointain confrère. Je me souviens du très bon
travail qu’il a fait autour de la bande dessinée pour adultes, dans Charlie Mensuel, et aussi de ses créations à lui. Je me souviens notamment d’une
superbe adaptation du polar de Chester Himes, « La Reine des
Pommes ». Pour dire vrai, j’étais moins fan de ces dernières réalisations
et je me suis même moqué un peu de lui lorsque, quelques jours avant la mort du
professeur Choron, il a été décoré de la légion d’honneur ; une décoration
qu’en son temps Daumier avait refusée, je suppose que parce que la considérant
incompatible avec ce métier qui est le nôtre. Triste ironie du sort, Wolinski
aura peut-être droit à une deuxième breloque à titre posthume.
Charb,
je ne l’ai jamais rencontré, mais j’appréciais son esprit, son trait, ses
engagements et son courage. Il va beaucoup manquer au combat pour la laïcité
dans ce pays en proie aux assauts des divers intégrismes. Mais, soyons sûrs,
d’autres se lèveront là où il n’a pas voulu se coucher.
L’inimaginable
J’étais
à Lisbonne lorsque l’inimaginable s’est produit. J’ai donc été réduit à suivre
les événements de loin, sur les chaînes de télévision portugaises. Et j’ai
assisté ainsi, profondément ému, aux manifestations civiques des millions de
Français de toute origine et religion ou pas qui se sont soulevés, partout en
France, contre la barbarie. Des moments de grande émotion ternie par le court
défilé opportuniste en tête de la manifestation parisienne d’une soixantaine de
charlots (que Charlot me pardonne), dirigeants politiques nationaux et
internationaux de haut rang, dont un représentant de la Turquie qui emprisonne
des journalistes par paquets, un David Cameron qui demande aux professeurs de
détecter les supposées tendances de « futurs terroristes » chez les
enfants (en fait, pas très original comme idée car un certain Nicolas Sarkozy
avait déjà « inventé » l’ADN du futur gangster lorsqu’il était
ministre de l’Intérieur), une Angela Merkel qui intervient sans honte dans les
élections législatives en Grèce (oubliant que la dette allemande de la Seconde
Guerre mondiale a été effacée en 1953
par les pays débiteurs… dont la Grèce
qui avait été occupée par les troupes nazies et qui avait perdu des milliers de résistants dans
le combat pour sa libération), un Netanyahou qui fait table rase de Gaza et
découpe en colonies une éventuelle future Palestine afin de lui interdire
définitivement d’exister (à noter que sans Palestine, pas de paix au
Proche-Orient) et des représentants d’Égypte, d’Algérie, de Russie, de Hongrie,
du Gabon, de Jordanie, des Émirats Arabes Unis, de l’Arabie Saoudite (quelle
obscénité) et j’en passe, tous très peu dignes représentants de pays où ce
qu’on appelle la liberté de la presse est tout sauf exemplaire. Bref, un défilé
d’opportunistes, que dis-je, le bal des hypocrites dansant sur les cadavres des
douze morts de Charlie et des cinq de
Montrouge et de Vincennes. Ah, j’oubliais un « pauv’ con » qui a fait
des pieds et des mains pour se hisser au premier rang à côté des vrais
chefs d’État et de gouvernement, essayant de jouer au président bis, lui qui passe
son temps, désormais, à faire des heures supplémentaires dans les médias afin
de paraître plus grand qu’il n’est. Heureusement pour ce petit personnage à
talonnettes, le ridicule ne tue plus depuis le XVIIIe siècle. J’imagine l’éclat
de rire de Cabu, Charb, Honoré, Tignous et Wolinski devant une telle aubaine
pour des dessins au vitriol.
Revenu
en France, je n’arrive toujours pas à réaliser l’horreur de ce qui s’est passé.
Une très grande douleur m’étreint toujours et la rage aussi, une rage qui me prend
aux tripes et qui me pousse à reprendre les crayons contre cette nouvelle bête
immonde, l’islamo-fascisme, qui corrompt progressivement une partie de la
jeunesse française fragilisée par une marginalisation socio-économique et
culturelle dont l’ensemble de la société porte une grande responsabilité. Mais
il n’est pas question de nous laisser submerger par cette vague noire de
l’obscurantisme d’un autre âge qui essaie de nous imposer des valeurs qui n’en
sont pas et un modèle de civilisation qui ne correspond en rien à nos principes
d’aujourd’hui, ici. C’est pourquoi nous, les dessinateurs de France, nous
devons continuer de dresser nos crayons pour que vive la liberté et exiger de
la République qu’elle se défende et nous défende tous, sans exception de couleur
ou de credo, en imposant la loi, rien que la loi de la République. Et surtout
pas en instaurant une espèce de « Patriot Act » à la sauce française
touillée par un Manuel Valls qui n’a pas hésité, en tant que ministre de
l’Intérieur (les ministres de l’Intérieur se suivent et se ressemblent), à
interdire des spectacles avant même
qu’ils ne se produisent dans un acte de censure préalable liberticide, agissant
ainsi en flic culturel et non pas en responsable politique respectueux des
libertés publiques. Arrêtons donc d’importer le pire des Etats-Unis. Il ne faut
surtout pas qu’on laisse tuer nos libertés au nom de la défense de la liberté.
Ce serait faire un cadeau aux assassins.
Je
suis Charlie… Je suis Charlos… Je suis Carlos Brito