Thursday, November 03, 2011

«Charlie Hebdo» incendié, Guéant dénonce un «attentat»

Selon la police, la rédaction a été sans doute touchée par un cocktail molotov. «Libé» invite les équipes de «Charlie» à s'installer dans ses murs. Par LIBÉRATION.FR

La police ce mercredi matin devant le siège de Charlie Hebdo. (AFP/ALEXANDER KLEIN)
La rédaction du journal satirique Charlie Hebdo, qui publie ce mercredi un numéro spécial après les élections en Tunisie, a été détruite dans la nuit de mardi à mercredi par un incendie criminel, a-t-on appris mercredi de source policière, évoquant un jet de «cocktail molotov».
Le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, a dénoncé un «attentat» après l'incendie du siège du journal satirique Charlie Hebdo et n'a pas exclu la piste de musulmans intégristes. «Bien sûr tout sera fait pour retrouver les auteurs de cet attentat, parce qu'il faut bien appeler ça un attentat», a déclaré à la presse, sur place, le ministre de l'Intérieur.
Interrogé pour savoir si la piste des «musulmans intégristes» était explorée, Claude Guéant a répondu: «toutes les pistes sont examinées et il est vrai qu'un certain nombre de messages de menaces qui ont été reçus par Charlie Hebdo amène à ne pas négliger cette piste».
L’incendie, qui s’est déclenché «aux alentours de 1 heure du matin» au 62 boulevard Davout (XXe arrondissement), est «maîtrisé et n’a fait aucun blessé», a-t-on indiqué de même source.
«Il n’y a pas d’interpellation», a-t-on ajouté, tout en évoquant un jet de «cocktail molotov» pour expliquer l’origine de l’incendie. «L’enquête devra le confirmer», a-t-on toutefois souligné.

Un journal spécial «Charia Hebdo»

Selon le médecin urgentiste et chroniqueur Patrick Pelloux, joint sur place par l’AFP, le cocktail molotov aurait été lancé «sur la devanture et aurait mis le feu au système informatique».
Le journal, rebaptisé pour l’occasion «Charia Hebdo», a décidé de faire de Mahomet le «rédacteur en chef» de son numéro de ce mercredi, afin de «fêter la victoire» du parti islamiste Ennahda en Tunisie.
«Tout est détruit», a témoigné Patrick Pelloux. «Le poste de maquette a brûlé et il y a de la suie partout, le système électrique a fondu», a précisé le directeur de la publication, le dessinateur Charb, également joint sur place par l’AFP.
Pour lui, l’incendie est directement «lié» à la publication de ce mercredi. «Sur Twitter, sur Facebook, on a reçu pas mal de lettres de protestation, de menaces, d’insultes», que la direction du journal s’apprêtait à transmettre à la police, a-t-il expliqué.
(Le dessinateur Luz, ce mercredi - Photo Reuters)
Le journal avait déjà reçu des menaces lors de la publication des caricatures de Mahomet en 2006, mais le numéro de ce mercredi «n’a pas la même portée, c’est plus déconnant qu’autre chose», et seule la couverture avait été diffusée au moment de l’incendie, «pas le contenu» du journal, a-t-il souligné.
Les locaux de Charlie Hebdo du boulebard Davout abritent notamment la rédaction, le service de fabrication des maquettes, des bureaux et des stocks merchandising. La police judiciaire de Paris a été saisie de l’enquête.

A Libération, le directeur de la rédaction Nicolas Demorand a fait savoir aux équipes de Charlie Hebdo qu'elles étaient «les bienvenues à Libé le temps qu'elles retrouvent des locaux et des ordinateurs. On se serrera!». Nicolas Demorand leur a «proposé également de venir bénéficier de l'asile journalistique dans nos colonnes pour demain s'ils le souhaitaient. On pourrait faire un numéro de Libé entièrement illustré par les dessinateurs de Charlie. Tout ça est en train de se mettre en place. On aura les confirmations dans le courant de la matinée.» Proposition acceptée, l'équipe devrait arriver dans les locaux à 13 heures.

Nombreuses réactions politiques

Le Premier ministre, François Fillon, a fait part de son «indignation» et demandé au ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, que «toute la lumière soit faite» et que «les auteurs soient poursuivis». «La liberté d’expression est une valeur inaliénable de notre démocratie et toute atteinte à la liberté de la presse doit être condamnée avec la plus grande fermeté. Aucune cause ne saurait justifier une action violente.»
Nathalie Kosciusko-Morizet, la ministre de l’Ecologie, a estimé mercredi que ceux qui ont incendié les locaux de Charlie Hebdo et piraté son site internet sont des «ennemis de la démocratie».
Xavier Bertrand, le ministre du Travail et de la Santé, s’est déclaré lui sur RTL «profondément choqué» tandis que Mélenchon a qualifié cet acte de «répugnant».
Christine Boutin, présidente du Parti chrétien-démocrate et candidate à la présidentielle, «condamne» ellle l’incendie criminel qui a détruit la rédaction de l’hebdomadaire Charlie Hebdo.
Cet acte «manifeste un symptôme de violence», a-t-elle souligné, faisant valoir que «la liberté de la presse et d’expression sont importantes pour notre pays».
Le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Mohammed Moussaoui, a également «condamné fermement» l'incendie, jugeant la Une avec une caricature de Mahomet moins «violente» que celles que l'hebdomadaire satirique avait publiées en 2006.
Martine Aubry, la première secrétaire du Parti socialiste, a exprimé la «totale solidarité» de son parti avec l'équipe de Charlie Hebdo.
Au Front national, l'équipe de campagne de Marine Le Pen juge que «l'attentat contre Charlie Hebdo est à la fois une atteinte à la liberté de la presse et une agression contre la laïcité», dans un communiqué intitulé «La charia serait-elle intouchable en France?»
http://www.liberation.fr/medias/06014280-mais-ou-est-charlie-a-liberation

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