Friday, October 13, 2006

Plantu - Desenhos pela Paz


Point de vue de Plantu

Cela fait plusieurs années que je travaille sur un projet de rencontre internationale dedessinateurs de presse. Cette idée a germédès 1991.Cette année-là, je faisais une exposition de dessins àTunis et Yasser Arafat, le leader de l’OLP, m’avait demandéde venir le voir pour discuter des dessins.A cette occasion, je me suis rendu compte que le langage du dessin était non seulement capable de rassembler mais aussi de faire passer un message que transgresseles interdits: àl’époque Yasser Arafat était incapable de dire la phrase «je reconnais l’Etat d’Israël.»et pourtant, avec un feutre bleu il a dessinél’étoile de David du drapeau israélien.L’année suivante en 1992, le ministre israélien des Affaires étrangères Shimon Pérès apposait, lui aussi, sa signature sur le même document.Plusieurs dessins ont ainsi étécommencés par Yasser Arafat et terminés par Shimon Pérès.Depuis, je me suis beaucoup interrogésur le rôle du dessinateur de presse. Les caricatures sont très souvent mis en cause pour la causticitéde leurs dessins, cela est très normal; mais ces dernières années je me suis aperçu qu’il y avait un blocage entre deux cultures opposées: Celle de l’Orient et celle de l’Occident; chacune roulant pour sa chapelle de façoninconsciente ou non. Souvent, les dessinateurs ont un angle d’attaque unilatéral: le travail du caricaturiste devient alors plus proche du militant que du journaliste. C’est la raison pour laquelle j’ai plusieurs fois parléau Secrétaire Général de l’ONU, M. Kofi Annan pour lui dire combien ilme paraissait urgent de réunir des dessinateurs afin de réfléchir au rôle journalistique de notre profession. Quand je dis «journalistique», je pense bien sûr ànotre responsabilitévis-à-vis de nos lecteurs. J’aieu la chance de réaliser des expositions dans le monde arabe et, àchaque fois, j’ai reçu un accueil sympathique et ouvert. Ma dernière exposition s’est tenue en Egypte àla Grande Bibliothèque d’Alexandrie. J’ai proposéàmes amis caricaturistes égyptiens de faire venir des dessinateurs libanais, palestiniens,jordaniens et israéliens àAlexandrie; mes confrères arabes m’ont fait comprendre que cela poserait un problème si les Israéliens étaient présents en Egypte.Je leur ai donc proposéune rencontre dans ville européenne ou ailleurs ce qu’ils ont considérécomme envisageable. J’ai l’habitude de me rendre régulièrement dans le Proche-Orient et je dis souvent aux dessinateurs arabes de réfléchir àleur manière de dessiner les Israéliens. Je leur dis que leurs critiques dirigées contre l’armée israélienne ou les dirigeants israéliens sont tout àfait fondées mais que dessiner les juifs avec le casque nazi et le nez crochu n’arrange pas forcément leur démonstrations; Cela occulte même le sens de l’idée éditoriale.Je crois que quelques-uns de mes amis caricaturistes égyptiens m’ait dit «Mais comment veux-tu qu’on les dessine autrement?»Dans le même ordre d’idée, je me suis rendu compte que les représentations» imprimés de Mahomet ont occultéle sens de l’attaque éditoriale àsavoir une attaque contre les islamistes fondamentalistes de notre planète.Quand j’ai rencontréKofi Annan en janvier de cette année, nous avons reparléde notre projet de rassembler des dessinateurs internationaux àNew York et àGenève. Je revenais juste de Jérusalem oùje participais àune rencontre de caricaturistes, et, pour la première fois s’était déplacéun dessinateur palestinien; il a ététrès bien accueilli et chaudement applaudi par le public israélien bien qu’il ait montrédes dessins très incisifs. Lors de mon rendez-vous au siège de l’ONU, nous avons discutéde notre projet sans savoir que nous étions àla veille de cette grande polémique autour des caricatures publiées au Danemark.Il fallait répondre àl’interdit lancépar quelques Imams mais il fallait le faire avec finesse pour ne pas tomber dans le piège d’une attaque trop frontale qui aurait étévécue dans le monde arabe comme un blasphème. Il fallait réagir.Je me suis aussi posédes questions sur notre attirance très occidentale pour le blasphème. En Europe, les dessinateurs ont l’habitude de faire des images contre l’Eglise catholique qui sont bien sûr de l’ordre du blasphèmemais c’est un accepté. Je m’aperçois que l’Eglise catholique a étéplutôt indulgente face aux attaques répétées des caricaturistes. Les religions et le sexe sont des tabous assez souvent transgressés et cela se passe en général sans trop de problème.Cela ne signifie pas dans mon esprit que les dessinateurs doivent désormais s’empêcher de penser et de dessiner mais je crois que de part et d’autre on pourrait imaginer de continuer d’être caustiques, agressifs et incisifs, tout cela sans haine et surtout sans un mépris affichépour les convictions religieuses des croyants ou des non-croyants.Bien –entendu, il ne s’agit pas d’une règle morale àinstaurer ce qui serait àl’opposédes habitudes des caricaturistes, mais seulement une manière de penser notre travail d’un point de vue plus journalistique. Que les dessinateurs qui ont vocation àblasphémer continue comme ils le veulent ; je souhaite juste les faire réfléchir sur la manière dont certains dessins peuvent être ressentis àBeyrouth, àParis ou àJérusalem. Il faut bien savoir que certains centres culturels français àGaza et ailleurs ont dûfermer leurs portes.Sans parler des Ambassades qui ont étéattaquées. Nous ne sommes plus au début du XXèsiècle, époque durant laquelle les artistes-dessinateurs donnaient libre cours àleurs penchants libertaires ou anarchistes en se regardant le nombril. Bienvenue dans le monde de l’Internet. Cela dit, je ne suis pas dupe: je pense que les foules qui ont quittéles Ambassades au Proche-Orient ne sont pas forcément des adeptes de la caricature danoise. Il y a bien manipulation de la part de certains religieux. Sachons ne pas tomber dans leur piège.C’est la raison pour laquelle une rencontre de dessinateurs àNew York et àGenève accompagnée d’une exposition aurait l’avantage de mieux définir notre réflexion sur le sens de notre travail et sur le sens de la publication d’images. Une table ronde nous permettrait d’échanger nos expériences de caricaturistes.
J. Plantu

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